vendredi 16 janvier 2009

Au fil de l'eau ou la naissance des poulpes

L'an passé, j'avais balisé le parcours de l'aspirant MCF : "qualification, dossification, audition" constituait la devise à se faire tatouer sur le poignet. Tel l'almanach breton, l'almanach du précaire était rythmé par les mois qui s'écoulaient avec la triste monotonie des larmes d'une clepsydre. Qualification pour décembre, CNRS pour janvier, liste des postes en mars, candidature en avril, audition en juin, dépression en juillet, etc.

Mais depuis que Galaxie m'écrit régulièrement pour m'informer de la publication de postes, je dois bien l'admettre : mon "Devenir MCF pour les Nuls" est obsolète et il va falloir en pondre un nouveau. Parce que désormais, plus de repos pour l'aspirant. A tout moment, il peut recevoir un courrier galactique "Un nouveau poste vient d'être publié dans la ou les sections qui vous intéressent. Vous pouvez vous connecter à l'application GALAXIE".

Son stress annuel à la lecture de la liste des postes en mars est remplacé par un stress hebdomadaire. Le cœur battant, il renverse son café froid et des restant de Chamonix en se ruant sur le site honni, ses doigts tremblants ont du mal à taper son mot de passe qu'il oublie toujours de demander à Firefox de mémoriser, il s'étouffe devant le manque d'ergonomie de la plate-forme qui lui demande de remplir 10 champs pour trouver sa requête.

En général, comme l'actualisation est manuelle, il ne trouve rien car le poste n'est pas encore en ligne*. Puis, plus tard, quand il a refait la manip' tape ton code et remplis les 10 champs, à la lecture du poste, il se sent devenir liquide comme les larmes d'une clepsydre : c'est vraiment loin de sa thématique ou c'est tellement spécifique que ça sent le poste local à plein nez. Alors il retourne à sa paillasse et attend le prochain coup de stress galactique. Moi je vous dis qu'on est en train de se préparer une de ces générations de chercheurs cardiaques!

Donc quand j'aurai du temps, je ferai peut-être un article La réforme du recrutement MCF pour les Nuls, mais en attendant, je m'émerveille de la poésie ministérielle. Savez comment y z'ont appelé les anciens postes? "la session synchronisée", oui, oui, comme ce sport merveilleux où des filles avec des bonnets en latex ont le nez tout pincé. Et savez comment y z'ont appelé les nouveaux postes? "au fil de l'eau" comme une nage innocente portée par l'onde claire dans la brise d'un après-midi champêtre. On sent l'équipe de com' derrière, c'est beau comme de l'Apollinaire du Gilbert Montagné. Allez hop, tous en maillot!

En 2007 sortait sur les écrans un petit bijou cinématographique, La Naissance des Pieuvres, qui s'engluait avec brio dans la trouble léthargie de la chrysalide adolescente. Trois jeunes filles, plus tout à fait enfants mais pas encore femmes, attendaient en souffrance le passage. La cinéaste avait habilement choisi le milieu de la natation synchronisée pour illustrer le contraste entre le chaos sous marin et l'apparente harmonie des sourires laqués.

Aujourd'hui, Galaxie nous fait le coup de la Naissance des Poulpes en proposant aux chercheurs, plus tout à fait étudiants mais pas encore en poste d'explorer les souffrances du recrutement : au choix candidature synchronisée et candidature au fil de l'eau.
Dommage que les poètes du Ministère n'aient pas filé la métaphore, ce n'est pas Galaxie qui fallait l'appeler mais Océanus**.

Allez, gentil aspirant, un jour peut-être tu seras un poulpe, que l'esprit de Muriel Hermine soit avec toi, bats fort des jambes pour tenir la tête hors de l'eau mais garde ton sourire laquais!


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* statistiques pandoriennes: sur 7 postes galactiques sortis depuis décembre, 3 n'étaient toujours en ligne 12h après leur annonce.
** l'élégante référence au cloaque permettrait de faire un bel écho au nouveau logo du CNRS qui me ravit dès qu'on le met à l'envers.

mercredi 7 janvier 2009

In Memoria...

"A la suite du schéma d'emplois arbitré au Projet de Loi de Finances 2009, le ministère de la recherche a choisi de mettre fin au financement des post-doctorants sur subvention d'état.

C'est pourquoi le CNRS a décidé de ne pas ouvrir de campagne de post-doctorants en 2009."

Les postodocs CNRS sont morts, un fantôme de plus claquera des dents dans la grande armoire de la Recherche Française...