samedi 31 mai 2008

Echo de campagne...

Anonyme, un d'entre eux en tout cas, me demandait à très juste titre pourquoi j'acceptais de me faire la complice du jeu de dupes qu'est la campagne de recrutement et si je pensais vraiment m'épanouir dans le Small World.
J'avais décidé d'attendre la fin de la campagne pour lui répondre, Mirza vient de le faire sur son blog, j' y retrouve beaucoup des arguments que je voulais mettre en forme. En attendant que je m'y colle, je vous invite à aller lire que chez elle aussi, ce n'est pas le retour du beau temps...

100% des gagnants...

Dans la poussière d'un désert qui vole sous le sabot des chevaux, le sage avait pour mantra une maxime que j'ai souvent faite mienne jusqu'ici: "Si la chance est avec toi, pourquoi courir? Si la chance n'est pas avec toi, pourquoi courir?" Maintenant que j'ai le tiercé des courses, je le sais, si le sage avait essayé d'être maître de conférence au lieu de contempler les formes des dunes, il aurait dit : " si le président du KKK est avec toi, pourquoi courir? Si le président du KKK n'est pas avec toi, pourquoi courir?".

100 % des postes où j'ai été auditionnée ont été pourvus... en local. Gloomy et son CV triste comme un jour de l'an à Ostende, Lucky que j'avais pisté parce que son profil collait si bien au poste dont je rêvais et Happy dont on m'avait prévenu qu'il était "fortement pressenti" ont gagné. Moi, je n'ai plus qu'à ranger les banderoles et les dossiers dans un grand carton étiqueté "Campagne MCF 2008" avec deux titres de "classée Seconde" et un titre de "classée Troisième" aussi utiles que mon diplôme de triton nageur passée à la piscine de La Ferté sous Jouarre en 1985 grâce au sadisme d'un gros chauve qui hurlait en menaçant d'une perche dangereusement oscillante de pauvres mioches bleus de froid qui barbotaient à la hauteur de ses orteils velus rangés dans leurs claquettes chlorées.

Beaucoup de bruit pour rien donc? J'entends déjà Anonyme 1, 2 ou 3 me dire que non, non, c'était très rigolo mes petits postes sur ce blog. J'entends aussi mes adorables compagnons de fortune et d'infortune me dire que oui, oui, c'est vraiment bien d'avoir été classée seconde et que ça promet pour la suite.

Je pourrais à mon tour applaudir des deux mains si...
S'il n'y avait pas les heures passées sur les dossiers, à peaufiner chaque phrase, chaque détail de la présentation. Les heures passées à écrire des mails, à téléphoner pour prendre contact. Les heures d'angoisse à attendre les convocations de KKK. Les billets de train achetés trop chers, les journées à préparer des slides, à répéter des auditions blanches, à choisir sa tenue, des matins de mal au coeur et des soirs d'insomnies, avant/après, tout le temps.... Tout ça pour voir qu'au final, c'était aussi utile que de chanter une comptine polonaise en guarani à un sourd, d'acheter des bananes bio importées par avion ou de faire une Tour Eiffel en allumettes cassées-recollées. Le poste de la ville verte était pour Gloomy, le doctorant du président du KKK, le poste de la ville blanche était pour Happy, déjà ATER dans la place, le poste de la ville grise était pour Lucky, le doctorant qui venait d'achever sa thèse au labo. Ils étaient pour eux, ils les ont eus. Et basta, que tous les autres, les clowns qui sont venus -qui peut-être même y ont cru - fassent une croix sur les dépenses, l'investissement, les illusions; Que tous les inconnus retournent à leur anonymat, ils n'avaient pas d'autre destin.

"Merci de vous être déplacée" m'a dit le dernier président du KKK. C'était exactement ça, merci d'avoir servi de décor, merci pour cette belle énergie naïve et touchante qui sauve les apparences et permet d'entériner une décision prise bien avant que le premier candidat n' ouvre la bouche. Qui trouvera à y redire? Gloomy n'aurait sans doute jamais trouvé un poste ailleurs, Lucky et Happy étaient très bons et s'intégreront parfaitement à l'équipe à laquelle ils appartiennent déjà. Ces KKK-là avaient tous de très bonnes raisons de choisir ces candidats-là, mais sans doute bien moins de panache à organiser ces mascarades de concours.

Si le président du KKK est avec toi, pourquoi courir? Si le président du KKK n'est pas avec toi, pourquoi courir?

jeudi 29 mai 2008

Wanted

Recherche personne sportive et téméraire pour opération cagoule/commando. Objectif : aller libérer un classement de KKK injustement tenu en otage dans le tiroir d'un service du personnel. Les ravisseurs jurent de ne rendre le classement aux personnes intéressées que contre validation par un Conseil d'Administration en petites coupures, soit rien avant au moins 10 jours!

Ne laissons pas les classements injustement emprisonnés, ne laissons pas tous ces candidats prolonger éternellement le rongeage de leurs moignons -y'a plus d'ongles depuis un bail donc ils rongent ce qu'ils peuvent, les pauvres- et risquer la rupture sentimentale à force d'insomnies et d'obsessions narcissiques : "Mais oui je t'aime mon amour, mais tu pense VRAIMENT que j'ai bien fait de répondre ça?". Ne laissons pas les aspirants MCF dilapider leurs maigres émoluments en plaquettes à teneur en cacao supérieure à 70% ou en Madame Irma à la morale aussi douteuse que l'effluve de ses aisselles velues. Pour sauvez l'aspirant, vive le braquage de tiroir de Service du Personnel Enseignant!

Les ravisseurs ne se réclament d'aucune mouvance politique ou idéologique mais selon des informateurs bien placés, il semblerait que le Ministère de la Santé cherche à faire baisser le budget retraite des années 2060 en diminuant l'espérance de vie des aspirants MCF grâce à des humiliations et un stress insurmontable en collaboration avec le Ministère de la Recherche et de l'Enseignement supérieur.

Signée : Pandore agonisante

mercredi 28 mai 2008

Contes de Campagne 1 : Les villes

Il y eut la ville de pierres blanches avec ses palmiers posés comme de gros ananas le long des avenues bien droites. Cela ressemblait au Mexique, le ciel jaune était lourd de poussière, les filles avaient des épaules cuivrées dans des débardeurs colorés, des adolescents s'embrassaient sur les bancs des parcs et la fac se nichait, vieilles briques et placo vieilli dans les replis d'un campus foisonnant d'arbres odorants et de bosquets sauvages.

Il y eut ce côté inconnu de la ville chère à mon coeur, la pluie était tiède, les trottoirs glissants de pollen et de tristesse. La fac était la clairière d'une forêt d'immeubles végétaux, excroissance architecturale d'un bitume apprivoisé pour héberger les travailleurs drainés par des RER bondés.

Il y eut la campagnarde, son clocher face aux falaises, la fraîcheur d'un soleil printanier éblouissait les puits de lumière d'un campus flambant neuf. On sentait que l'architecte s'était appliqué, tout était vaste et rangé, dans l'ordre scolaire de salles studieuses. A l'image de la ville voisine, le campus était bas et large sous le ciel fécond de la tranquillité.

Dans ces trois villes, j'ai imaginé ce que serait la vie si jamais si, si jamais si, si jamais si...
Ici la petite maison avec des mimosas et l'odeur saline en contrepoint à la douceur des fleurs, là le petit appartement à prix d'or et au parquet qui craque et mon vélo qui dort dans la cour, là l'appartement fonctionnel avec le garage pour la voiture. Ici des marchés colorés croulant sous les fruits mûrs et des mauresques fraîches sous des tonnelles en arabesque entre les pierres, là, les brasseries joyeuses dans les cuivre desquels se reflètent les visages de mes amis, ici de sains dimanches pour aller tremper ses bottes à la rosée des champs. J'ai imaginé ces trois vies et j'ai trouvé cynique que quelqu'un choisisse pour moi.

lundi 26 mai 2008

Le quart de l'heure

15 minutes pour tout dire, 15 minutes pour convaincre, ne pas faire de faux pas, être naturelle sans nonchalance, érudite sans pédanterie, humble sans fausse modestie. Se dire que dans l'aisance de mon propos transparaît 10 ans d'enseignement et de pédagogie, que la concision de mes paroles s'ancre dans 27 ans d'école, de devoirs corrigés, de phrases à achever, de mal-dits raturés, de pensées à reformuler. Se dire que ces six petits slides sont le concentré de mes choix de vie, les chemins que j'ai pris, les combats que j'ai menés.


Se dire que 15 minutes, ce n'est que :

- le temps que je mets à courir deux kilomètres sur un marathon;

- le trajet Châtelet-Montparnasse en métro;

- la préparation et la cuisson de 12 macarons à la pistache;

- le temps incompressible qu'il me faut pour me préparer le matin;

- écouter 3 fois en boucle la Lady of Shangai d'Arthur H;

- le temps de séchage des transparents pour le rétroprojecteur "des fois qu'il n'y ait pas de vidéoprojecteur";

- le retard habituel avec lequel commencent les réunions du département;

- la durée pendant laquelle on peut se baigner en Bretagne avant de commencer à avoir froid;

- un tiers de soutenance de thèse;

- le temps que met ma Grand-Mère à réaliser qu'on a posé le combiné pendant qu'elle monologue;

- l'attente à la Poste pour récupérer un paquet.


15 minutes avec dans la balance les quarante prochaines années de ma vie... C'est aujourd'hui...

Smoking, no smoking...

Les Kalai Elpides s'écrivent au fil des angoisses, des cogitations plus ou moins malsaines, des rêves et des fantasmes d'un quotidien quelque peu tourmenté ces derniers mois. Elles s'écrivent en vrac sur un bloc-note quand le clavier tourne à vide sur un article à boucler, quand le voyage en train est propice à la rédaction, quand la science se refuse ou que le coeur exulte. Quand un texte émerge  du bloc-note, après maturation, il est versé au blog. Certains textes sont avortés, d'autres en gestation, d'autres sous la main... Ces derniers temps, le bloc-note est schizophrène.


Pandore recto, ignorée des KKK,  solde sa thèse, ses postdocs et jette les foetus test avec  l'eau des éprouvettes, elle ouvre une librairie-salon de thé, une ferme à confitures bios, une école pour apprendre à faire les macarons à la pistache, elle part militer dans des associations pour la sauvegarde de l'églantier, la croissance des poneys nains ou la défense des pizzas sans ananas ou reblochon, elle imagine mille et une entreprises qui pourront mettre à profit ces dix ans de formation qui n'ont mené à rien.


Pandore verso prépare pleine d'espoir l'étape suivante, se demande si robe ou pas,  fait des slides à tour de bras, va de Marseille à Nancy pour ensuite enchaîner des classements et tenter sa chance au grand jeu des chaises musicales, Pandore verse le champagne dans des pyramides de verres qui scintillent en facettes d'arc en ciel et oublie tout, la douleur de la thèse, les nuits blanches des dead line, les mesquineries éditoriales.


Allez, encore deux auditions et vendredi tout sera fini...smoking ou no smoking.

jeudi 22 mai 2008

Sans honneur ni fierté

J'avais aimé ce KKK, cette impression de faire cours à l'Université de tous les savoirs, leurs questions intéressées, leur bonhommie, j'ai été vraiment heureuse quand j'ai découvert que j'étais classée seconde. Venant d'ailleurs et sans connaître personne, j'ai pu convaincre un KKK!


Et puis la stupeur alors que je viens de découvrir le verdict. Parce qu'en numéro un, il n'y a pas Riri, le killer au CV long comme un marathon sous le soleil avec son postdoc à l'étranger convainquant comme un macaron Pierre Hermé et dont j'étais sûre qu'il aurait le poste. Il n'y a pas Fifi, au CV classique et solide comme une banque suisse, moult conférences et deux postdocs. il n'y a pas Loulou, petit génie de l'audition que j'ai pisté sur la liste des classés au CNRS et sur d'autres listes d'universités.


En numéro un, il y a Gloomy. Gloomy n'a qu'une publication dans une revue qui est d'ailleurs la publication de la seule conférence affichée dans son CV, Gloomy n'a même pas pris la peine de changer le titre. Gloomy n'a pas fait de postdoc, A priori, Gloomy n'a pas été auditionné ailleurs. Gloomy n'a pas postulé au CNRS, ni même peut-être dans une autre université. Gloomy n'a rien fait d'autre que d'être le doctorant du président de la commission de spécialiste. Godechot, Oh Godechot, ils ne savent pas ce qu'ils font, ils sont devenus fous!


J'ai eu honte de mon premier KKK.... J'ai repensé aux "nases" de l'Enervé de Service. Je me suis demandé ce qu'il y avait en ce moment dans la tête de Gloomy, les petits arrangement moraux avec lesquels il bricolait sa dignité pour accepter un poste dans ces conditions-là. S'il avait lu La Fontaine et s'il ne craignait pas le cou pelé du collier du chien. Et je me suis demandée aussi ce qu'il y avait dans la tête du KKK au moment de la réunion finale, les petits arrangements moraux avec lesquels il bricolait sa dignité scientifique de favoriser un recrutement dans ces conditions-là. S'il avait lu La Fontaine et s'il ne craignait d'être ce "peuple Caméléon, peuple singe du maître".


Et j'ai fermé Les Fables dont les personnages et les situations sont purement fictifs et dont, par conséquent, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ne saurait être que fortuite, et je suis allée rencontrer mon second KKK.

mardi 20 mai 2008

Mur-Mur de Fac 3

Et toujours les murs qui font écho....

lundi 19 mai 2008

Oasis


Une audition, une vraie, pour un poste qu'on désire vraiment, parce que l'équipe est de qualité, parce que les enseignements sont intéressants, parce que géographiquement, c'est l'endroit où l'on veut habiter au moins pour les quarante prochaines années et même y mourir pour mieux y vivre à jamais.

Une audition pour elle-même, pas pour un poste à tout prix, mais juste pour celui-là, parce qu'au milieu de plus de 20 projets de recherche, c'est le seul en lequel on croyait vraiment, le seul pour lequel on avait un réel désir d'aboutissement, le seul qu'on n'a pas eu besoin d'enjoliver. Parce qu'on a lu et admiré la production scientifique de ses acteurs bien avant de savoir qu'un poste serait ouvert là-bas. Parce que plus on réfléchit, plus on sent que c'est là qu'on fera la meilleure recherche. Parce qu'on a bien vu que le poste est aux dimension de quelqu'un qui vient juste de soutenir sa thèse dans ce laboratoire mais qu'on a tellement envie d'y croire que cela n'a pas vraiment d'importance.

Je n'osais pas en rêver mais je suis finalement auditionnée sur un poste taillé à la mesure de mes envies et non de mes compromis et c'est aussi bon qu'un mango lassi glacé dans la touffeur d'un été oppressant, alors je savoure jusqu'à la chute,..... chut.......ne dîtes rien, laissez l'aspirante MCF aspirer à quelque chose, l'air frais est rare en cette saison.

vendredi 16 mai 2008

Horloges parallèles


Il est six heures du matin, tous les KKK de France, de Navarre et de Normandie dorment, mais moi je veille. Cela fait deux semaines que je n'ai plus ni très faim, ni très sommeil. Je mange, je parle, j'écris, je fais semblant, comme par habitude mais l'envie n'est plus là. Le corps est ailleurs.

Pendant ce temps, une horloge rythme ma vie en parallèle : Rennes décide de ne pas m'auditionner, tic, Clermond hésite, tac, Montpellier se tâte, tic, Strasbourg refuse, tic, Paris me verra, tac.

Je téléphone, je cours, je sors boire un verre, je fais semblant.

En d'autres lieux, en d'autres temps, on parle de moi, décide pour moi tic et je n'en sais rien, tac.

Le syndrome de la salle d'attente du dentiste


Je me doutais que mes épisodes 5 et 6, parce qu'anticipés, n'étaient que des spéculations fantasmagoriques de jeune vierge de l'audition . Maintenant que je suis passée de l'autre côté, je le sais : l'enfer ce n'est pas le KKK, l'enfer c'est l'antichambre du KKK. J'aurais lire Jean-Sol Partre avec plus d'application.

Hommage à Dante, on a peuplé l'antichambre de gorgones au regard assassin, de monstres mous et suants, de diables glissés dans des costumes encore étiquetés. On m'a pesé, soupesé, mesuré, on a toisé ma tenue pimpante (merci B.C), ma silhouette, le poids de mon sac et la couleur de mes chaussures. On m'a sourit avec tant de haine que j'ai vacillé. J'ai traversé les neufs cercles de l'enfer de l'angoisse, gravit ensuite les sept gradins de la montagne du stress avant de m'élever avec soulagement dans les neufs sphères concentriques du KKK.

On a convoqué tout le monde à 9h donc tout le monde est là, en poste, même si certains savent qu'ils ont plus de 2 heures à attendre. L'antichambre est une salle de cours dont on a rangé les tables contre le mur, dehors il y a la vie, du soleil et des arbres. Dedans ça suinte d'angoisse et de peur. Au lieu d'aller humer le vent dans les feuilles printanières, tout le monde reste là, à ne rien dire, une courtoisie forcée, à peine un bonjour.

Le tableau blanc nous renvoie en miroir la vacuité de notre situation. Je n'ai pas osé proposer rigolarde qu'on se fasse des auditions blanches pour passer le temps. Apparemment les autres n'avaient pas envie de rigoler. J'avais envie de jouer aux cartes, de boire des cafés en parlant de rien, on aurait pu comparer nos directeurs de thèse : tout docteur a des anecdotes croustillantes sur son ancien mentor. Un jour, quand je serai en poste, vieille, je les raconterai peut-être ici. On aurait pu se raconter nos rêves de la nuit quand on s'est réveillé à 3h pensant qu'on était en chaussons devant le KKK. On aurait pu se moquer de nos hésitations hier entre la chemise blanche et la chemise bleue, on aurait pu se dire que venir de Madrid, Genève, Bordeaux ou Metz, c'était dur mais qu'on y croyait.

Mais on est resté chacun dans notre coin à ruminer notre angoisse, le poids de nos 10 ans de recherche, la menace de notre vie à venir... Toutes les demi-heures, le Grand Maître venait chercher l'agneau sacrificiel à immoler sur l'autel de la décision. On écoutait nos Ipod, on lisait un bouquin, personne n'ouvrait son ordinateur alors que tout le monde en avait un. On aurait pu jouer de nos peurs au lieu de laisser siffler les serpents qui s'agitaient dans nos ventres.

Peut-être que c'était plus facile pour moi, parce que je n'y croyais pas vraiment (Tremble Illusion, Godechot est mon livre de chevet, je suis la Schopenhauer de la Recherche). Peut-être que si j'avais été l'un des trois locaux, l'enjeu aurait été différent et je n'aurais pas eu envie, moi non plus, de faire causette avec une Pandore inconnue qui souriait. Ca doit être louche pour un local un étranger qui sourit et qui a l'air tout zen.

Une fois mon numéro de chien savant joué, j'ai pensé que décidément, si ça ne marchait pas, ma consolation serait que ce monde-là était bien trop grave pour moi.

samedi 10 mai 2008

Divertissement réservé à un public averti*

Bien mal m'en a pris, telle une future opérée, je suis allée googliser ceux qui m'ont précédée. Chirurgiens alcooliques, hôpitaux délabrés, cicatrisations de travers, complications en tout genre le médecin s'est vengé de l'infirmière qui le trompait, le brancardier a lâché son précieux fardeau dans l'escalier, tous les lits étaient pris et la purée des plateaux-repas était froide...

C'est bien connu : les bien-portants ne viennent pas écrire leurs doléances sur les pages virtuelles de notre collective mémoire électronique. Aussi, pour peu que notre coeur se complaise dans les labyrinthes hypocondriaques, il faut mieux s'abstenir de prendre Google pour Madame Irma si l'on espére un futur radieux.

Aussi, ami lecteur, amie lectrice, si tu es comme moi petit aspirant MCF, tu trouveras dans le présent article une liste des lectures et des films à éviter en ce moment, ta petite black liste des oeuvres à garder sous le coude pour quand tu seras bien au chaud dans le creux accueillant d'un fauteuil de MCF. En revanche, si tu fais partie d'une KKK, si tu es de ma famille, si tu as déjà jeté l'éponge pour passer à autre chose, si tu penses que j'exagère quand je grignote mes tablettes de chocolat pour adoucir l'amertume de mes candidatures, n'hésite pas à cliquer sur les liens ci-dessous!
  • Cinématographique : la Candidature, le film d'Emmanuel Bourdieu. Plutôt que de résumer l'oeuvre, cet extrait d'une interview de l'auteur vous donnera une idée de son contenu : " J’ai un peu peur de cette logique du ressentiment, confesse Emmanuel Bourdieu à propos de son moyen métrage Candidature. J’ai été un jeune prof précaire, un peu aigri, ne sachant qu’en septembre ce que j’avais à enseigner en octobre, à qui ses collègues donnaient leurs paquets de copies, surpris que je refuse de les corriger. J’ai voulu dénoncer cette violence qui existe dans le milieu universitaire. Caricatural ? Peut-être. Ce qui me rassure, c’est qu’un ami prof m’a dit : "Tu es en deçà de la réalité… "
  • Scientifique : l'excellent article "Le localisme dans le monde académique : un essai d'évaluation", publié par par Olivier Godechot et Alexandra Louvet dans La Vie des Idées et un aimable lecteur m'avait signalé il y a quelques temps. On peut aussi lire son résumé dans le Monde. On poursuivra l'exploration avec l'entretien avec Olivier Godechot qui vous apprendra que j'ai 18 fois moins de chances d'être recrutée la semaine prochaine que les deux candidats locaux auditionnés avec moi.
  • Blogesque : le récit de Nathalie sur sa candidature, préaudition et audition, ne pas hésiter à lire aussi les commentaires des lecteurs...
  • Altruiste : l'expérience d'Olivier Ertzscheid, MCF qui a survécu à l'épreuve des KKK et qui vous raconte l'autre côté du miroir. Il faut lire ses plus belles auditions.
  • Décentralisé : Okham, outre-atlantique découvre le localisme à l'européenne...
  • Feuilleton : parce que comme chante l'autre, "tout a été dit cent fois et bien mieux que par moi", L'Enervé de Service vous raconte son Dallas à lui, il y a plusieurs épisodes ici, , , et .
Petit cadeau elpidesque en ce dimanche ensoleillé, un conseil à l'efficacité prouvé : si jamais ces lectures laissent un goût amer en bouche, l'estomac aigrelet voir ulcèreux, une douceur chocolatée de chez Constant et un disque de Madeleine Peyroux rappellent toujours qu'en ce bas-monde la vie est quand même très douce.

(* susceptibles de nuire à l'épanouissement physique, mental ou moral des aspirants MCF.)

mercredi 7 mai 2008

Tempête dans un verre de neurones*

Est-ce que je fais l'impasse sur mon parcours avant le DEA dans mon slide de présentation?
Est-ce que je mets une robe qui tourne ou un pantalon qui fait la jambe longue?
Est-ce que je mets mes communications soumises mais pas encore acceptées?
Est-ce que je mets des talons et prends le risque de l'horripilant clac-clac-clac dans le couloir qui mène au tribunal?
Est-ce que je prends le train qui arrive 2h plus tôt des fois que des jeunes autochtones fassent des feux de joie matinaux sur les rails en mon honneur?
Est-ce que je mets des talons et prends le risque d'humilier le président du KKK s'il est atteint du syndrome présidentiel?
Est-ce que je me lave les cheveux le jour même et prends le risque du syndrome caniche mouillé?
Est-ce que je vais m'acheter des talons neufs qui me feront la démarche altière et le pied ampoulé?
Est-ce que les 20 mn comprennent aussi les questions insidieuses?
Est-ce que je mets du sombre chic ou du pimpant clair?
Est-ce que je propose des collaborations avec d'autres équipes du labo dans le projet de recherche et prends le risque de passer pour une fille légère prête à passer chez l'ennemi?
Est-ce que je prépare une jolie feuille synthèse à donner en main propre à chaque membre et prends le risque d'apparaître comme non-écolo?
Est-ce que je vais dormir la nuit d'avant?

Dans quelques jours, je rencontre un KKK, un vrai...

(*brain storming, acuponcture des hémisphères, massage du prosencéphale, activation des lobes...)

mardi 6 mai 2008

Soap Opera...


Au départ c'était pour moi, le coeur un peu gros devant les mois à venir et aucune envie de bassiner l'entourage avec mes états d'âme. Un blog est le trop-plein parfait des pluies émotionnelles et le bassin privilégié des grandes logorrhés timides.

Puis c'est devenu un lien donné au compte-goutte à ceux qui me demandaient où j'en étais de mes candidatures.

Puis c'est devenu un feuilleton à destination de ceux à qui j'avais donné le lien et qui ne comprenaient rien à ce recrutement dont je disais que c'était un concours sans en être un vraiment.

Puis, dans son excellent blog, Baptiste Coulmont a parlé de mes Kalai Elpides, bientôt relayé par Caroline Legrand et brusquement il apparaît , se déplie sur la toile, se met à exister en dehors de moi. Des gens que je ne connais pas me lisent : pire -ou mieux-, des gens des universités où je candidate me lisent (Lecteur, lectrice, je suis ta BigSister à toi et je sais plein de choses sur toi, de la taille de ton écran à ton navigateur, je sais dans quelle université tu procrastine le RSS, sitemeter est un cafteur, mais comme je suis gentille, j'ai mis un cafteur public pour te pister en toute transparence).

Puis Google commence à recommander mes pages à l'aspirant MCF en panne d'espoir qui attend dans le vague et tape "MCF recrutement" ou d'autres requêtes lambda.

Puis un premier commentaire, bientôt suivi d'autres. Je retrouve les émouvantes et amusantes phases de la naissance d'un blog dont on surveille le blog rank avec le même souci que la courbe de poids d'un nouveau né. Contrairement aux histoires d'amour qui finissent mal, il parait que les feuilletons populaires finissent bien... Alors je veux de la bulle, de la mousse, du soap! Je veux bien être la Sue Helen du blog scientifique si je triomphe dans l'univers impitoyable.

Si tu veux que Kalai Elpides finisse bien, tape AZERTY, si tu veux du sang-tifique et des larmes, tape QWERTY, si tu veux une saison 2...m'enfin, non, tout sauf une saison deux, les suites sont rarement bonnes et la rumeur prétend que dans la saison 2, les KKK sont morts en inscrivant sur les murs des préfabriqués de leur université décatie "Pécresse m'a tué".