mercredi 24 décembre 2008

Volaille

24 décembre, année O : Il y a de longs couloirs vides et le vent siffle autour des bâtiments plantés dans des champs. Quand quelqu'un passe, ça fait crisser le lino comme le fromage en grain québécois sous la dent, mais c'est le seul bruit qui troublera la journée lugubre. A la cantine, ils ont fermé la moitié de la salle en mettant les chaises sur les tables parce que tout le personnel est en vacances. Les pieds des chaises sont autant d'antennes qui nous rappellent qu'ailleurs d'autres ont rejoint leur famille ou leurs amis. Je déjeune avec deux autres postdocs étrangers - purée aux marrons et galette des rois trop sèche. Pour eux comme pour moi, pas de vacances possibles : je viens d'arriver tout juste après la soutenance et je ne peux prendre qu'un jour et demi de congés alors je l'ai gardé pour faire un pont pour le Nouvel An. Je n'ai rien à faire car je viens d'arriver et que personne n'est là pour m'encadrer, alors je suis là car je dois être là.

24 décembre, année 1 : Il n'y a pas de longs couloirs vides mais une pluie glaciale qui frappe aux carreaux. L'université est fermée, vacances obligatoires pour tout le monde. Mais j'ai des dossiers à préparer alors je suis chez moi devant l'écran qui digère son latex comme le bœuf de la crèche son foin. Dans la cuisine, des gâteaux cuisent pour le soir, une main à la pâte, un fil à la main, toujours ce fil du "il faut faire" attaché à mes pattes depuis la thèse. J'ai aussi un article à finir, un article sur mes travaux de doctorat, un article que je ne peux pas faire sur mon temps de travail puisque je suis désormais payée par le labo de l'année 1 pour faire tout autre chose.

24 décembre, année 2 : Il y a de longs couloirs vides et un silence inhabituel niché dans les moquettes beiges et bleues. J'ai apporté des pains d'épice pour les deux doctorants et le MCF qui a un rapport à finir. J'aurai pu prendre des vacances mais je n'ai que 17 jours de congés autorisés pour cette année alors il faut que j'économise en prévision des auditions. A la cantine, il y avait du foie gras figé sur des assiettes en faïence et des bûches de crème trop froide. Je partirai la semaine prochaine mais il faudra que j'avance un article sur les travaux de l'année 1 que je ne peux plus faire sur mon temps de travail puisque je suis payée par le labo de l'année 2 pour faire tout autre chose. Personne n'a envie de travailler alors on boit des cafés en mangeant du pain d'épice parce qu'on doit être là.

Les villes ont changé, les bureaux et les collègues aussi, les thématiques encore davantage. Ne reste tangible et palpable que ce besoin de vacances, l'esprit léger et l'écran blanc comme la neige d'un Noël qui
n'arrive jamais.

Je m'aimerais assez en dindonne farceuse mais je dois avouer que cet après-midi encore, dans mon labo tout vide, je me sens dindonne de la farce.

jeudi 11 décembre 2008

Le hoquet de l'Espace

Un jour, j'aurai des vacances, je pourrai dormir, et aller diner avec des amis, et répondre aux 738 mails en attente, et surfer, et venir raconter la longue histoire qui me retient loin du clavier béni de la procrastination bloggesque.

En attendant, Galaxie, la force obscure du mal qui a sauvagement englouti Antares dans ses cruelles entrailles, a commencé à déployer sa nébuleuse. Ce matin, à la fin de la liste de mes 738 mails auxquels-il-faut-que-je-réponde-d'urgence, il y avait une missive de Galaxie. En effet, j'ai souscrit à l'abonnement Galaxie gratuit et sans engagement qui te permet de recevoir un message personnalisé quand une université recherche un GMCF, gentil maître de conférence, à adopter (c'est Noël, offrez un MCF, c'est pas cher et ça sert à plein de trucs). Le mail disait :





Madame, Monsieur,

Un nouveau poste vient d'être publié dans la ou les sections qui vous intéressent.
Vous pouvez vous connecter à l'application GALAXIE à partir du portail destiné aux candidats (https://extranet.ac-versailles.fr/ensup/galaxie/candidats.html accès GALAXIE-recrutement, en haut à droite de l'écran) ou directement (https://antares.orion.education.fr/antares/can/astree/index.jsp) pour consulter les caractéristiques détaillées de ce(s) poste(s) et enregistrer éventuellement votre candidature.
section(s) : 00 MCF dans : UNIVERSITE PAS TROP LOIN emploi n° 007
section(s) : 00 MCF dans : UNIVERSITE PAS TROP LOIN emploi n° 008

Cordialement.

MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE
SECRETARIAT GENERAL
DIRECTION GENERALE DES RESSOURCES HUMAINES
CCR
Tél : 01 55 55 06 10
Télécopie : 01 55 55 05 60

C'était beau comme un YOUR EMAIL ADDRESS HAS WON YOU PROMOTION-message. Il n'y avais pas de nom mais ça ne ressemblait pas trop à un canular peut-être parce qu'il y avait un vrai numéro de téléphone dont on pouvait supposer qu'il sonnerait en pleurant pendant des heures dans le bureau plein de papiers d'un des sbires pécressiens.

Alors, de mes petits doigts musclés par de longues heures de latex (je préfère mettre un lien car mes amis ont toujours l'oeil goguenard et le sourire lubrique quand ils aperçoivent mon guide du Latex sur le bureau), je suis allée rejoindre la grande Galaxie, j'ai bien rempli le formulaire avec mon nom et mes sections, parce que l'émissaire de la force obscure ne savait pas faire un lien direct avec l'URL. J'ai bien rempli le formulaire et en retenant ma respiration, j'ai cliqué sur ENTRE.
Et là, sous mon regard goguenard et mon sourire concupissant, s'est affiché ça :

Aucun poste ne correspond à votre demande.

En rouge, comme ça, violent : retourne à ton postodoc, à tes articles, tes présentations, tes 12 h de travail par jour, c'était juste un bon gros hoquet de Galaxie.

Petite énigme du jour

(tout le monde a le droit de jouer, même ceux qui n'ont pas de qualif)

Pourquoi Galaxie a-t-il eu un rototo ce matin à 5:00?
  1. parce que Valérie avait oublié de se déconnecter et que son fils a joué dans l'interface ADMIN.
  2. parce que le ministère s'inquiète du peu de demande de qualification et essaye d'attirer de nouvelles vocations en attirant les gens sur Galaxie.
  3. parce que personne ne va plus sur Galaxie et que ça permet de faire monter l'audience.
  4. parce qu'ils ont perdu les noms des gens abonnés à la liste et que ça leur permet de faire remplir un formulaire pour récupérer les données.
  5. parce que c'est bientôt Noël et que les rêves illuminent le regard innocent et le coeur pur des enfants qui croient que leurs souhaits les plus doux pourront se réaliser à l'ombre d'un odorant épicea.

mercredi 19 novembre 2008

Baudruche à la française

A l'heure où le mérite scientifique est ramené à de savants calculs sur les activités de publication, il parait intéressant de dégonfler quelques baudruches conférencières internationales. Smarty, une amie américaine vient de m'envoyer un échange de mails aussi instructif que distrayant sur ce qu'il dit de la Recherche Française. Elle a récemment soumis à un colloque international. Encouragée par l'intitulé bilingue et pensant que le flamboyant bleu/blanc/rouge dans lequel était rédigé l'annonce était un clin d'oeil à l'Union Jack et aux Stars and Stripes, elle a envoyé un papier dans la langue que Shakespeare aurait parlé s'il était encore de ce monde et qu'il était devenu chercheur.

A réception, il lui a été signalé qu'une version française de son article était attendue :




"Bonjour, Vous avez lu l'appel à contributions. La langue du colloque est le français. Vous avez travaillé en France et vous connaissez le français. Rien ne justifie, le colloque ayant lieu à Paris devant un public de langue française que vous fassiez votre communication dans une langue autre que le français, langue de communication internationale et langue scientifique au même titre que l'anglais. Merci de la renvoyer en français si vous voulez qu'elle soit prise en considération."

Je précise que le bleu blanc rouge du message n'est pas une facétie pandorienne mais une réelle contribution typographique de l'auteur du mail. Un regard sur les modalités de soumission confirme l'injonction :

La langue du colloque est le français. Il est indispensable pour participer au colloque de la comprendre à l'oral et d'être en mesure de la lire. Il est toutefois possible de faire sa communication dans la langue de son choix à condition d'avoir préparé une traduction française qui sera distribuée à l'auditoire.

Donc on peut présenter en kalmouk, en nahuatl classique et même en télougou mais il faut soumettre et répondre aux question en français (par contre, je pense que l'on peut porter ce qu'on veut, je n'ai pas trouvé mention d'un dress code tricolore, même si on peut imaginer que le port du boubou, du sari ou du Levi's 501 n'est peut être pas une bonne idée dans ce colloque international).

Smarty, en tant qu'étrangère, n'est pas enclinte à la timidité naturelle des jeunes chercheurs qui veulent intégrer la recherche et donc ont tout intérêt à se couler dans le moule. Au lieu de se plier dans les élégantes courbettes que le\la mandarin(e) attendait sans doute de la part d'une ingénue dévergondée qui avait osé imposer un résumé en anglais, elle a donc répondu avec beaucoup d'élégance une missive que je m'empresse de traduire dans la langue que Molière aurait parlé s'il était encore de ce monde et s'il n'avait pas fait de recherche parce qu'il était beaucoup trop insolent pour ça.




Bonjour, I did indeed read the call for papers. I read that it was an international conference where work can be presented in the language of choice. I wasn't aware that this international conference would only have French participants. Evidently, my French has failed me and I must apologize if I caused any discomfort with my English abstract.
English, as a language on par with French in its international and scientific status, is my mother tongue and it is the language in which I can express myself best. My priority in presenting my work is to express myself as clearly as possible and to be able to engage in scientific discussion.
It's regrettable that I won't have time to translate my abstract into French, and that it has been rejected based on anything but scientific merit and on totally unacademic criteria. Perhaps I'll have better luck next time.
Alas, all that's left for me to do is wish you a merry and productive conference. Godspeed,
Par respect pour les vaillantes croisades des chevaliers de la langue galliforme, je traduis donc illico :




Bonjour, j'ai en effet lu l'appel à contribution. J'ai lu qu'il s'agissait d'une conférence internationale où les travaux pouvaient être exposés dans la langue de son choix. Je n'étais pas consciente que cette conférence internationale se limitait à des participants français. Ma compréhension du français est très probablement à l'origine de ce contre-sens et je vous prie de bien vouloir m'excuser si mon résumé en anglais a pu occasionner un certain malaise. L'anglais, qui est une langue scientifique internationale au même titre que le français, est ma langue maternelle et c'est la langue dans laquelle je suis la plus à même de m'exprimer.
Quand je présente mes travaux, ma priorité est de m'exprimer aussi clairement que possible et d'intervenir dans le débat scientifique.
Il est dommage que je n'aie pas eu le temps de traduire ce résumé en français et qu'il ait été rejeté pour des raisons autres que scientifiques, qui se basent sur des critères qui n'ont absolument rien d'académiques. Peut-être serais-je plus chanceuse la prochaine fois.
Hélas, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une conférence joyeuse et productive. Bonne chance!

On est heureux que des Superdupont veillent encore au devenir du français comme langue unique de communications internationales. J'avais annoncé une ludique campagne 2008-2009, je me rends compte que les pratiques universitaires, absurdes, parodiques et truculentes, sont la Pologne de Jarry et qu'il ne me sera pas difficile de me tenir à cet engagement. Godspeed to everybody!

EDIT : en relisant cet article pour en chasser la traître coquille et en vérifier les liens, je viens de retomber sur la page de la conférence et m'aperçoit qu'elle est organisée non par une institution académique mais par une association "visant à la promotion de la recherche scientifique et de l'édition dans le but de parvenir à une meilleure connaissance du fonctionnement du langage humain et des langues du monde."

vendredi 7 novembre 2008

Raccolage sur la fonction publique

Avant, l'Etat, c'était des fonctionnaires et des institutions immuables dans la poussière de leurs règlements. C'était rigide, sévère et triste. Les gens étaient là à vie, sans espoir de changement ou de progrès. On avait des logos austères et la loi c'était la loi. Elle officiait via des calendriers rabat-joie qui faisaient que minuit et une minute c'était déjà le lendemain et qu'il fallait aller faire la queue à la Poste du Louvre si tu voulais que ton dossier parte à minuit moins une. On était tous gris et psychorigides.

Heureusement, grâce à Nicolas, l'Etat est en train de devenir aussi joli qu'une agence de pub. Les gens sont en CDD donc ils s'habillent mieux et travaillent plus pour être sûrs qu'on les garde l'an prochain. On a des nouveaux logos conceptuels et surtout y'a des offres promotionnels comme à la Redoute ou aux 3 Suisses. Hier, entre une offre pour une montre "qui immite tellement bien la Rolex que toutes les filles vont craquer" et une spam pour enlarger mon hypothétique pénis, j'ai reçu une super offre : si tu ne t'es pas encore laissé tenter par une qualif, TU PEUX TOUJOURS JOUER! Valérie, l'organisatrice du Grand Jeu te fait un super cadeau:
  • "la campagne de qualification sera rouverte dans le cadre d'une session complémentaire à compter du 14 novembre 10 h et jusqu'au 22 décembre 2008 16h"
Comme Valérie n'est pas sûre que tu valides ton bulletin de participation, Valérie tente elle-aussi de te dire que grâce à la qualif' tu peux faire craquer les filles et enlarger ton pénis puisqu'elle te permet de participer à cette offre exceptionnelle pour que:
  • "la revalorisation des carrières des enseignants-chercheurs et sur les nouvelles possibilités de recrutement prévues par le chantier « carrières», notamment les 150 chaires ainsi créées puissent êtres offertes dans le cadre de la session synchronisée qui débutera en mars 2009." (traduit en sarkolangue, ça veut dire "tu peux gagner plus de blé en bossant plus et vive la "chair à chercher")
Peut-être que cette année les joueurs n'ont pas eu envie de participer et qu'il n'y avait pas assez de monde à la première session pour meubler les réunions de CNU. Peut-être que Valérie croit vraiment qu'être payé plus pour travailler plus est un projet séduisant qui peut ramener dans le giron de Marianne des étourdis qui pensaient aller dans le privé. Toujours est-il qu'avant, on avait Antares, sa base de données à l'ancienne et sa maîtresse intransigeance et que maintenant on a Galaxie, son logo Paint et ses offres promotionnelles...

jeudi 30 octobre 2008

Sur l'onde calme et noire

Ils l'ont enterrée jeudi matin à 9h. Je n'avais pas voulu en parler ici, parce que je ne la connaissais pas, parce que je ne voulais pas prendre le risque d'utiliser ou de travestir une histoire que je connaissais pas.

Mais depuis la semaine passée, j'ai le cœur boueux du limon de la Seine. Pas un jour ne passe sans que son ombre ne s'attache aux pas de mes pensées. J'ai mal à son prénom, j'ai mal à son histoire, j'ai mal à tous ceux qui ont marché sur les ponts de ma ville en regardant le flot se presser contre les piles.
Et j'ai pensé à l'enfer d'un téléphone qui crie pour réveiller des mandarins au milieu de la nuit. J'aurais voulu leur dire que ce n'était peut-être pas de leur faute, mais qu'à s'épuiser dans la lutte à contre-courant, se laisser couler a le parfum du repos.

Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles ...
On entend dans les bois lointains des hallalis.


Echos, hommages et hallalis :

vendredi 24 octobre 2008

Mème pas mal!

Une odeur de café m'a ramenée au blog. Promis, j'expliquerai dans le prochain message pourquoi je me fais rare ici et pourquoi je n'ai plus que les calmes samedi et vides dimanche pour me livrer à cette nombrilesque activité.

Mais en attendant le coming out de mes activités de rentrée, je réponds au Why Blog puisque j'ai été taggée par
Pablo, lui même taggé par Tom Roud sur une proposition d'Enro... Pas sûre que ce blog relève des la catégorie des blogs scientifiques. Pour moi, il est avant tout un blog méta, le blog des petites cuisines de la science français et des dessous mal assortis de l'Université.

Pourquoi ce blog?

J'avais déjà partiellement répondu ici.

L'an passé, en début de campagne, j'en avais assez de répondre à tous en expliquant où j'en étais ("oui, j'ai un travail mais non, c'est pas encore le vrai"), comment marchait une campagne de recrutement ("oui, c'est un concours mais en même temps, c'est un concours où certains sont plus égaux que d'autres"), où j'avais envoyé des dossiers. Alors j'ai créé Kalai Elpides pour 1) expliquer à tous comment marchait le recrutement dans la recherche (ça a donné naissance à un palpitant feuilleton) 2) confier mes états d'âme et sautes d'humeur pour préserver la santé mentale de mon entourage.


Le souci c'est que finalement mes histoires de dossier et de section n'intéressaient pas mes proches, ma mère continue à croire qu'un chercheur porte toujours une blouse blanche avec des éprouvettes dans les poches et mon père ne comprend pas que c'est le blog de sa fille et pas celui qu'une inconnue dénommée Pandore ("Mais si c'est toi, pourquoi c'est pas ton nom?"). En revanche, quelques commentaires laissés ici ou là me portaient à croire que mes interrogations métaphysiques sur les rapports entre calvitie cranienne et broussailles de sourcils des membres de commission de spécialiste trouvaient quelques échos sur la Toile.

J'ai réalisé alors le manque de visibilité des précaires de la Recherche Scientifique et aujourd'hui ce blog est là pour 1) me servir de petit exutoire électronique, un alterlabo où l'on cisèle le mot en essayant de rire de tout de peur d'être obligée d'en pleurer 2) expliquer aux futurs aspirants MCF qu'il faut faire les slides de son directeur de thèse pour espérer un poste oeuvre de patience, expliquer aux KKK que c'est peu élégant de faire traverser l'Océan à Génie quand on embauche Gloomy et éventuellement informer sur ce qu'il y a dans la tête des candidats rouges et suants qui essayent de se vendre à la bourse aux MCF.

Et parce qu'à s'expliquer, on oublie l’essentiel et on travestit le réel, j'agrémente ce Why Blog d'un soupçon de Perec, d'un zeste de géniales foutaises* parce que j'aime bien l'idée qu'après la mort, ça sera pas pire qu'avant la naissance.

J'aime trouver dans mes stats un nouveau blog que je ne connaissais pas et qui pointe vers moi
J'aime pas le caractère chronophage du blog
J'aime pas ne pas publier un article parce qu'on identifierait de suite Pandore
J'aime relire les posts longtemps longtemps longtemps après les avoir écrits puis oubliés
J'aime me dire que parmi les prochains KKK qui m'auditionneront, y'aura des lecteurs qui ne sauront même pas que c'est moi
J'aime taper des nouveaux articles dans les trains qui roulent dans la campagne
J'aime penser que Gloomy ne sait même pas que ce blog existe et qu'il a tant parlé d'elle
J'aime pas qu'on puisse me repérer grâce à mon IP
J'aime lire "Gloomy" ou "KKK" sous le clavier des autres.
J'aime pas quand un commentateur s'appelle Anonyme
J'aime chercher dans Wikimedia Commons une image pour illustrer un article
J'aime pas ne pas trouver un chouette titre pour un article
J'aime pas ne trouver les fautes d'orthographe qu'une fois l'article publié
J'aime pas retrouver le même CSS que le mien sur d'autres blogs
J'aime que Pablo fasse des échos poétiques
J'aime pas quand personne ne commente un article
J'aime me demander qui est derrière l'IP du Collège de France, de l'EHESS ou de tel ou tel université ou institut
J'aime pas qu'on se serve de mon blog pour déverser son fiel
J'aime me demander si je dirai qui je suis le jour où j'aurai un poste
J'aime rêver au jour où ce blog écrira.....

FIN!




*
ceci est un hyperlien obligatoire, tant que vous ne cliquez pas dessus, vous ne pourrez plus lire ce blog! Et si vous persistez, votre ordinateur basculera automatiquement sous Windows Vista pour votre plus grand malheur!

Et je passe la parole à :
  • Machiavel qui a si délicieusement meublé mes procrastinations au temps où j'essayais d'abord de passer ma thèse
  • Caroline Legrand en phase de reconversion
  • Tous ceux qui veulent se prêter au jeu...

mardi 7 octobre 2008

Néologisme

J'ai souvent pensé à Gloomy cet été. Si tu es un jeune lecteur fraîchement arrivé sur ce blog pour suivre la saison 2 qui s'annonce aussi palpitante et déprimante que la première et que tu ne sais pas qui est Gloomy, tu trouveras quelques éléments biographiques dans ce papier. Donc, j'ai souvent pensé à Gloomy cet été. Gloomy à la plage, Gloomy chez mamie, Gloomy mange une gaufre au sucre et au sable, Gloomy fait sa pré-rentrée toute fière de sa promotion, Gloomy fait ses premiers cours, Gloomy fait un tableau Excel pour son ancien directeur de thèse le président de la commission de spécialiste qui l'a embauchée. Je me disais que ça y était, que Gloomy s'était fondue dans l'ingrate masse des enseignants invisibles qui rament dans l'ombre pour inculquer quelques valeurs scientifiques à de jeunes âmes utopistes qui au mieux croient en un monde meilleur et au pire s'interrogent sur le métier qui leur permettra de rembourser en plusieurs fois leur Home Video. Je pensais qu'on ne verrait plus Gloomy parce que si elle n'avait réussi à publier qu'un seul papier pendant sa thèse (enfin une fois en anglais et une fois en français et aussi un mémorable poster de vulgarisation à la journée dacquoise de chimie organique), il y avait peu de chance pour qu'on entende désormais parler de Gloomy dans le monde scientifique.

Grave erreur! Gloomy, toi dont la célébrité était sans doute restreinte au département de ton université et à ce modeste blog, tu peux désormais te targuer d'être citée dans le vrai livre avec des vraies pages d'un vrai scientifique important. Le vrai livre, c'est "La pratique de la sociologie", le vrai scientifique, c'est Serge Paugam. Et voici la manière dont le vrai livre du vrai scientifique parle de toi:


(anecdote et scanérisation de la pièce à conviction aimablement fournies par B.Coulmont, le vrai héros du passage.)

Etonnant non?

Si ça se trouve, gentille Gloomy, tu vas même passer à la postérité, devenir la Paris Hilton de la Recherche, la Cindy Sanders de l'Université. J'avoue que je rêve d'entendre en mai prochain "Tu verras, le candidat local est un vrai Gloomy!"

mercredi 1 octobre 2008

Gloomy Valérie

Chère Valérie,

au fil de ce blog, je m'adressais à toi comme Bernadette (Chirac) à Bernadette (Soubirou). Depuis plusieurs mois, je te disais mes espérances, mes rancoeurs, mes voeux pieux pour une recherche meilleure dans des billets spirituels mais légers que tu devais lire en douce entre deux réunions avec des professeurs importants avec des cravates (le prof met toujours une cravate quand il va au ministère). Je te livrais un peu de mon coeur de jeune aspirante MCF parce que je suis une enfant de la République et qu'on m'a enseigné que les femmes et les hommes politiques de ce pays oeuvrent pour un monde meilleur.

Et puis hier, j'ai eu un coup à ce jeune coeur. Un peu comme quand JR découvre que Sue Ellen l'a trompé ou qu'un enfant comprend la véritable nature des liens qui unissent le pantin Oui-Oui au Nain Potiron. J'ai découvert que tu étais la fille de Dominique Roux. Et que Dominique Roux, dans la vie, il est un peu président de Bolloré telecom. Et que Bolloré, c'est un peu la Business World Company qui a subventionné le yacht à Nicolas qui a fait couler tant d'encre marine. Le bateau s'appelait Paloma, une innocente colombre jetée en patûre à la médisance populaire.

Et là je me suis dis que tu devais doucement rigoler quand tu voyais les jeunes chercheurs s'offusquer des pratiques de mafia réseaux et magouilles qui légifèrent les recrutements de MCF. Bien sûr toi, ce n'est pas pareil, tu as sans doute été prise pour ton parcours, ton expérience et des compétences et pas du tout parce que tu étais la fille d'un homme qui gravitait dans des hautes sphères. Mais Gloomy non plus ce n'était pas pareil, elle a sans doute être prise pour son parcours, sa gentillesse et pas du tout parce qu'elle était la fille spirituelle du président de la commission de spécialiste.


Finalement on a peut-être une ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche qui a le mérite d'être une vraie représentante des pratiques de ses ouailles. Je suis bête, hein?Je m'étonne toujours devant ma candeur et mes belles illusions... Ces Kalai Elpides qui se lézardent peu à peu au rythme de la des campagnes ...

(Petit Teaser, si Gloomy, la véritable héroïne de la saison 1 vous manque, réjouissez-vous : elle revient bientôt sur ce blog dans un épisode hilarant sponsorisé par B. Coulmont)

dimanche 28 septembre 2008

Inbox

Militer contre la précarité dans la Recherche pourrait paraître aussi vain que d'aller prôner le végétarisme au Centre d'Information des Viandes et le port de la burqa auprès des Miss du Moulin Rouge. Pourtant, Avrel, Antonin et quelques autres courageux ont mis en place une plate-forme collaborative encore en construction, Collectif Papera qui devrait fédérer témoignages, réflexions et actions. Pour nourrir cette plate-forme, voici quelques mots sur ce que peut être concrètement la précarité dans la Recherche...

Ma précarité est mobilière.
Parce que je n'ai jamais pu acheter un appartement ou une jolie maison avec des parquets qui craquent et une cheminée à refaire. Aucune banque ne prête aux balladins et de toute façon, je ne sais pas où je vivrai quand je serai grande. Chez moi, il n'y a pas beaucoup de meubles parce que les déménagements m'ont appris que le meuble c'est lourd à porter pour les copains et qu'il ne va jamais dans le nouveau logement. Alors je range mes quintaux de bouquins dans des caisses à vin, des palettes de chantiers ou des étagères à CD.

Ma précarité est intime.
Parce qu'elle m'a coûté une petite fortune en billets de train et d'avion, des nuits à voyager en bus ou en couchette qui sent la chaussette pour rejoindre l'être aimé, surtout quand lui aussi était précaire. Parce qu'on traversait l'Europe ou pire, la moitié de la planète, pour quelques rapides week-ends où l'on échouait l'oeil cerné et le cerveau éreinté. Parce qu'à l'âge où tous mes amis se reproduisent avec la fécondité de léporidés nourris au Viagra, il est inconcevable d'imaginer être 3 au lieu de 2.

Ma précarité est contre-productive.
Parce qu'au moment de publier enfin les résultats, je suis déjà en poste ailleurs et sur un autre projet et que, donc, je n'ai pas le temps de publier. D'ailleurs, certains employeurs m'ont déjà forcée à prendre sur mes vacances et sur mes deniers personnels 3 petits jours de conférence puisque j'allais y présenter des travaux effectués ailleurs que chez eux. Je mets 2 mois à me former et à être efficace et le temps d'apprendre à chercher, il est déjà trop tard.

Ma précarité est sociale.
Parce qu'à chaque déménagement, il faut retrouver des amis, une bibliothèque où emprunter des livres, un giron boulanger à qui sourire le matin et quatorze poilus pour monter une équipe de rudgbeux. Parce que je n'ai plus le coeur à m'engager dans des associations sachant que je peux partir dans 6 mois. Parce qu'à chaque nouveau labo, je dois m'intégrer puis..repartir. Parce que j'ai une magnifique collection de cartes de cantine. Parce que j'ai plein de copains partout mais que ce sont amis que vent emporte et la précarité vente devant ma porte.

Ma précarité est psychologique.
Parce qu'il y a des moments de doute où, à regarder le parcours qu'on construit, on se demande si on n'est pas en train de rater sa vie. Parce qu'on se dit que si finalement on ne trouve pas de poste, il faudra faire une grosse croix rouge sur toutes ces années de sacrifices. Parce qu'au bout de quelques années, il y a la lassitude à expliquer aux proches, aux amis, à la famille, que si, enfin, on va peut-être avoir un travail, un vrai. Parce qu'on se sent bon à rien à ne rien faire de bon.

Ma précarité est scientifique.
Parce qu'à enchaîner les petits contrats, je fais de la recherche de mercenaire. Que mon vrai sujet de recherche, celui qui est innovant, intéressant, celui pour lequel je suis qualifiée, n'avance plus et qu'à la place, je fais de l'ingénierie pour d'autres. Parce que je me lasse à travailler sur des sujets "à la mode" ou "bankable". Parce que je croyais que la thèse était le sésame pour faire MA recherche et que ça m'a juste permis de faire la recherche des autres.

Ma précarité est financière.
Parce qu'une ancienne collègue de thèse vient de rejoindre le privé pour le double de mon salaire de précaire. Parce que peu de mes amis comprennent pourquoi je gagne si peu après tant d'études. Parce que l''argent des vacances finance le déménagement, la caution de l'appart, les frais d'agence. Parce que je me dis qu'il faut mieux faire attention parce qu'on ne sait pas de quoi l'an prochain sera fait. Parce que je gagne autant qu'un MCF mais sans les vacances, sans la liberté et avec la pression d'avoir sans cesse à faire mes preuves. Parce que les années passent sans que le salaire augmente.

Ma précarité est longue.
Parce qu'à la fin de ma thèse, je pensais que le plus dur était derrière moi et que plus j'avance et moins je vois où je vais. Parce d'encourageants collègues me disent que si je persévère, c'est sûr un jour j'aurai un poste, en me citant des maitres de conf qui ont eu leur poste au bout de 4 ou 5 ans... mais que c'est la chute de Lucifer, l'infini qui sans cesse recommence, on sent s'écrouler ses forces dans le gouffre. Pécresse murmure : tremble! et les KKK chuchotent : souffre! Les soleils qui s'éteignent et l'archange qui comprend, pareil au mât qui sombre, qu'il est le noyé du déluge de l'ombre. Pour sentir l'angoisse, relire les premiers 260 vers du Poète...

Ma précarité est précaire.
Parce qu'il ne tiendrait qu'à moi d'accepter cette précarité pour qu'elle n'en soit plus une. Il suffirait de se chantonner à l'oreille que le CDD c'est la liberté et qu'à l'instar du chanteur à chemise à fleurs je suis en avance de deux ou trois longueurs. Les longueurs d'un gouvernement qui veut de la Recherche à la petite semaine, de la flexibilité, de la mobilité, de la polyvalence. Je suis devenue la Reine du Carton, je sais packer ma vie en une nuit. Je suis devenue la Reine de la Délocalisation, je suis allée partout où il y avait du travail. Je suis devenue la Reine de l'Adaptation, je sais parler de plein de théories, de plein de formalismes avec tout un tas de gens, mais Chère Valérie, Cher Nicolas, ça fait des mois qu'avec les petits sous de l'Etat, je fais une recherche aussi précaire que moi...

mercredi 10 septembre 2008

Bingooooooo!

Au lieu d'aller affronter cette nouvelle année de campagne au cri de Banzaaaaiiiiii!, je propose le moins guerrier et plus ludique Bingoooooo!

En effet, Antares le maudit est de retour et, depuis quelques jours, l'aspirant MCF entame sa saison 2 (pour ceux qui n'ont pas suivi, y'a un feuilleton tragicomique en 7 épisodes dans la colonne de gauche de ce blog). Antares propose de repartir de l'épisode 3 : deviens qualifié. L'objectif est d'obtenir un petit numéro à deux chiffres qui ornera le dossier de candidature.

Quand on est un vieux routier de la Qualificaudition, on a le droit de jouer au Bingo. Pour ceux dont les grand-parents boycottent les clubs d'anciens du jeudi après-midi ou les folles soirées choucroute communales, je signale que le Bingo est un jeu particulièrement hasardeux qui consiste à couvrir une grille pleine de numéros avec des numéros correspondants tirés dans le chapeau du maire ou le seau à choucroute par une main innocente dont le tremblement vient davantage de l'âge que de l'émotion. Il faut compléter sa grille le plus vite possible et hurler Bingoooooo! jusqu'à la trépanation des sonotones de ses voisines de table. On peut gagner au choix un panier garni ou un porcelet vivant selon que l'on vive en ville ou en campagne.

Si tu es jeune et que tu veux goûter au succédané de ce jeu haletant, inscris-toi sur Antares, c'est le moment : tu as jusqu'au 14 octobre pour participer et jusqu'au 10 décembre pour soutenir une thèse sur le sujet de ton choix (si tu n'as pas d'idée, je te suggère des sujets à la mode comme "K routchevisation bushienne et thatcherisatio sarkozienne : étude de la sinusoïdale de la privatisation postale française et de la nationalisation bancaire étatsunienne. " ou "Erosion de crédibilité olympique par expansion de mélanine lactée "). Si tu as déjà joué, n'hésite pas à faire comme cette bonne vieille Pandore et à recommencer. La Recherche Française est pauvre, et notre chère marraine Valérie n'a pas les deniers communaux pour offrir un porcelet ou un panier garni, mais plus on a de numéros et plus c'est rigolo.

Sur la grille pandorienne, la thèse, Influence de la musique baroque sur la croissance de la vigne bordelaise entre 3 heures et 5 heures du matin dans l'hémisphère nord*, a déjà permis de cocher le numéro 68 (Biologie des organismes) et 23 (Géographie physique, humaine, économique et régionale), aussi, cette année, je tente de décrocher le numéro 22 (Histoire et civilisations : histoire des mondes modernes, histoire du monde contemporain ; de l'art ; de la musique). Pourquoi c'est rigolo? Parce que la dernière campagne m'a appris qu'il ne faut pas dire aux gens de la 68 qu'on a eu le 23 et inversement. La Recherche Française est pauvre et ses ouailles n'aiment pas ceux qui mangent à plusieurs râteliers. Donc plus on a de numéros et plus il faudra feindre, ça mettra un peu de piment à la campagne 2009!

Allez, bonne rentrée à tous, la campagne 2009 sera ludique!


(* charmant lecteur, gracieuse lectrice, je t'économise 45 secondes de procrastination, il est inutile de googéliser cette thèse, son petit nom en est beaucoup trop charmant pour être réel.)

jeudi 3 juillet 2008

Fin de saison

A l'heure où les couloirs des universités sont aussi vides que la liste des publications de Gloomy, à l'heure où les chercheurs préparent leurs valises pour bronzer conférer à d'éreintantes écoles d'été en Grèce, en Italie ou à Hawaï, à l'heure où les récents élus d'Antares savourent une quiétude bien méritée, je mets ce blog au repos pour la saison 2008. Rentrée des classes en septembre sans doute.

Pour occuper votre été, plutôt que de vous laisser en proie facile à des tentations sociologiques comme Closer ou féministes comme Bien dans ma vie, je posterai juste dans les prochaines semaines deux petits cadeaux de vacances amoureusement façonnés avec mes dix doigts musclés par des années de clavier et fort utiles si jamais vous avez pris ce blog en cours : une table des matières fantaisiste des articles publiés et une liste tout à fait subjective de tous les personnages fictifs et donc réels qui ont animé bénévolement ce blog.

En attendant ces bonus annoncés qui seront aussi rafraîchissants dans la touffeur de l'été qu'une mauresque trouble dans un verre embué, voici un petit moment nombrilesque mode Cannoise. Mon allergie congénitale à la langue de bois a fait que je n'ai pas mis de remerciements dans ma thèse. Je n'ai donc pas eu le bonheur de me livrer à cet amusant exercice institutionnel et intime qui consiste à remercier Titi pour ses longues conversations enrichissantes, Toto pour sa patience et sa gentillesse ou Tata pour ses relectures et ses conseils judicieux. Il semblerait que les remerciements que j'aurais voulu adresser n'étaient pas politiquement corrects et des amis bien intentionnés m'ont fortement déconseillé de remercier le vénérable mandarin qui a encadré ma thèse pour m'avoir permis de développer une incommensurable faculté à rire de tout, et surtout du pire, et de développer ma créativité artistique en écrivant d'hilarantes bandes dessinées le caricaturant lors des passionnantes réunions d'équipes.

Pour couper court à ma frustration et me débarrasser de cette gênante virginité des effusions, je profite de la fin officielle de cette campagne pour quelques pensées émues et non-pensées délicieusement revanchardes.

Les non-pensées vont:
  • à la secrétaire obtue du Ministère de l'Education Nationale qui me disait que l'accusé de réception de mon dossier n'était pas forcément valable "pasque le destinataire il a pas bien signé exactement dans le cadre";
  • au président de la section 00 qui a perdu mon dossier de qualification et qui, au lieu de s'excuser, m'a appelée pour me dire que je n'avais pas intérêt à demander un recours administratif;
  • à tous les KKK qui ont rangé leur queue honteuse entre leur papattes et aplati les oreilles en signe de soumission à on ne sait quelle logique du confort.
Les pensées émues se pressent vers:
  • Hermès et Mirza, compagnons de fortune et d'infortune. A leur douce amitié solidaire quand nous buvions l'amer des nouvelles qui tombent ou qui n'arrivent jamais. Et aussi la belle préférée de Pâris, philosophie et empathie, toujours une caresse à l'âme blessée.
  • Finette, Clopette, la nouvelle Nancyenne, le futur Rodezien, tous ceux qui m'ont prêté leurs dossiers, leurs présentations, leurs conseils avec la générosité de ceux qui sont passés de l'autre côté et m'ont encouragé à croire que tout était possible puisqu'ils avaient réussi.
  • Celle qui veille les bougies et veille sur sa fille avec un amour qui fait m'a toujours permis d'avancer avec un optimisme sans faille vers le destin, le breton qui danse trop loin, l'italien qui aime trop sa fille, l'amie qui a toujours 20 ans, tous ceux qui ont pensé très fort à moi un certain mardi matin.
  • Epiméthée, l'unique, le très cher, le très tendre, qui apaisa le coeur plus d'une fois, étoile facétieuse dans la nuit de la campagne.
  • Et aussi les virtuels, BC et ses conseils, l'Anonyme Diogène qui voulait que je crache à la figure des KKK (honte à moi, je peux l'avouer maintenant, je n'ai jamais su ni siffler ni cracher, c'est mon petit côté Nadine de R.), Blop mon lecteur chouchou, Caroline par qui beaucoup sont arrivés sur ce blog, VV, MDel et surtout tous ceux qui ont suivi ces aventures en y trouvant des échos à leurs angoisses.
Très bon été à tous!

samedi 28 juin 2008

AAA (les alcooliques, pas l'andouillette AAAAA)

La réunion d'équipe "Donnons un poste aux nécessiteuses" est mémorable à plus d'un titre. Outre les arrangements PEP (Postes Entre Potes) en toute impunité, elle a livré à mon âme naïve un autre sujet de consternation réflexion : celui de la publication.

Depuis quelques temps, les protocoles d'évaluation des laboratoires se multiplient et nul ne veut prendre le risque de passer dans l'arène pour gladiater pour les beaux yeux de Ste Pécresse qui aime l'odeur du sang qui imbibe le sable et fait sonner trébucher l'euro aux yeux du petit peuple spolié par tous ces fonctionnaires payés à rien foutre.
Donc, pour éviter de se retrouver le glaive à la main et un ridicule casque à plume sur la tête face à un lion aux canines longues et à l'haleine chargée, les labos essayent de balayer un peu devant leur porte. On met des fleurs, on astique les cuivres et on planque derrière un bosquet les quelques éléments qui déparent sur la photo.

La question du jour était donc de savoir derrière quel bosquet ouvragé cacher pudiquement les Non-Publiants. Parce que le labo compte un nombre certains d'enseignants-chercheurs qui ne recherchent plus -à part les heures supplémentaires dans des écoles qui payent grassement-, il a été proposé de créer un groupe de soutien pour assister les non-publiants. A mi-chemin entre Weight-Watcher et les Alcooliques Anonymes, les non-publiants sont invités à un groupe de travail censé les dynamiser. Par la suite, un référent personnel est chargé de suivre personnellement ses non-publiants pour les aider et les encourager. Un genre de coaching fort à la mode en ce début de siècle " Allo Droopy? c'est Nursy à l'appareil. Ca va? Tu es en forme? Bien, bien...Tu as écris quelque chose cette semaine? Ahhhhhh c'est bien ça : tu as lu un article le mois dernier! En anglais? Ah non, c'est vrai, tu n'aimes pas trop lire l'anglais. Bon bah maintenant, il faudra peut-être trouver une conf' où publier.. Non, non pas quelque chose de trop ambitieux, mais un petit workshop pour te remettre dans le bain [...]" Le groupe est donc en place depuis quelques temps, mais il semblerait que les non-publiants aient quelques difficultés : papiers non-retenus, pas prêts à temps... Et Créon de conclure : bon bah si c'est comme ça, on mettra vos noms sur des papiers écrits par d'autres.

J'ai pensé à Gloomy qui a publié un seul papier pendant et après sa thèse et qui dans quelques années mettra sans doute son nom collé à d'autres noms. Et j'ai pensé à l'Enervé de Service qui écrivait il y a quelques temps et même pas à propos des chercheurs : " la race est intrinséquement résistante à la consanguinité, puisqu'elle en est le résultat direct. On croise bien les lévriers entre eux, ça ne les empêche pas de courir vite, même s'ils sont trop débiles pour s'apercevoir qu'ils sprintent après un lapin en plastique." Publions, publions, qu'importe le lapin pourvu qu'on ait la vitesse!

jeudi 26 juin 2008

Quand le héros il meurt à la fin...

Antares vient d'achever sa quête dans un ultime soupir...


mercredi 25 juin 2008

Soldes d'été (faute d'être ou d'avoir)

En vertu des articles L. 310-1 à L. 310-7 du code de commerce et du décret n° 96-1097 du 16 décembre 1996 pris pour l'application du titre III, chapitre Ier, de la loi no 96-603 du 5 juillet 1996 et relatif aux ventes en liquidation, ventes au déballage, ventes en soldes et ventes en magasins d'usines, Pandore@Blog solde pour 6 semaines son stock d'invendus.

Article 1 : Jeune femme volontaire et motivée.

Description : 8 ans d'études, expériences de recherche dans le privé et le public, en France et dans 3 autres pays (Europe, Amérique et Asie), plusieurs qualifications CNU, plus de 600 heures d'enseignements dans plusieurs discipliness, marathonienne, capable de cuisiner un cocktail pour plus de 50 personnes en 2 jours, d'organiser seule la logistique d'une manifestation scientifique rassemblant 20 équipes de recherche, de distinguer un pingouin d'un manchot et de faire tout un tas de choses tout aussi utiles, adorant enseigner, ayant plusieurs projets scientifiques à portée de clavier. Classée sur toutes les auditions auxquelles elle a été convoquée (respectivement seconde, seconde, troisième). Aucune contrainte géographique, aucune contrainte familiale, publications conformes aux attentes, ne trouvant pas d'inconvénient à travailler soirs et week-end pour peu qu'on lui fournisse du bon chocolat...

Vice-caché (avoué donc à moitié pardonné) : ne sait pas rentrer dans le rang du politiquement correcte, ne sait pas demander une lettre de motivation, ne sait pas tenir sa langue face à un mandarin, ne sait pas appeler pour demander des appuis, croit innocemment qu'un bon dossier est le meilleur émissaire....

Prix : 1100 euros (valeur des indemnités assedics qu'elle touchera à partir de la fin de son CDD dans 5 jours et ce pour une durée indéterminée)

vendredi 20 juin 2008

Petit cochon

Secouons à nouveau les statistiques du blog en agitant un titre racoleur. Que tous les petits cochons des KKK lèvent la queue!

Non je plaisante, je préfère que tous les petits cochons des KKK drapent leurs pulsions et leurs attributs virils dans la toge de la dignité de leur fonction. Donc, derrière ce titre, nulle révélation croustillante sur la vie sexuelle des KKK, nulle condamnation indignée de propos qu'on aurait entendus ici ou là, mais une invitation à se pencher sur le petit cochon rose de l'aspirant MCF. Emmanuel Taïeb l'a fait et propose ses Mécomptes de Campagne : une réflexion sur le prix réel de la candidature. Entre les frais de reproduction et d'affranchissement, les oboles faramineuses versées à la SNCF et à Air France, les nuits d'hôtels, le constat que chaque aspirant a fait : candidater peut coûter cher, très cher. J'avais commencé mes comptes de campagne ici, il faudra y ajouter les pérégrinations des dernières semaines. Besoin de passer rapidement à autre chose sans doute, je n'ai aucune envie de le faire.

Et encore, dans ces 1000 euros estimés, on fait l'impasse sur les bouquins à lire pour se distraire pendant les nombreuses heures de voyage, les mélanges déstressants à base de fleurs de compositeur et de poils de yack marinés qu'on inspire à qui mieux mieux, les petits cadeaux méritants qu'on s'offre pour se récompenser, les coups à boire aux copains qui ont prêté leur dossier, leur présentation, relu les slides, le grigri en vrai peau de trèfle à quatre feuilles, les cierges de Lourdes modèle Deluxe qui brûlent grâce à Mamie, le chemisier pimpant pour être sous son meilleur jour, tous ces dépenses futiles et indispensables qui n'auraient rien changé et qui n'ont rien changé.

Petits Aspirants 2009, tous à vos petits cochons! A raison d'une centaine d'euros par mois jusqu'à la prochaine campagne, vous devriez être parés...

mardi 17 juin 2008

De l'autre côté du miroir

Petits aspirants MCF, s'il vous reste une once de candeur et d'optimisme, allez vous chercher un café, un thé ou un single malt, asseyez-vous sous ce grand pin parasol à l'ombre généreuse et venez écouter un petit conte pédagogique qui vous instruira plus sûrement que le Journal Officiel sur les démarches à accomplir pour devenir un jour MCF (avec la participation gracieuse et tout à fait exceptionnelle du choeur antique).





Introduction
[le choeur antique entre sur scène]

Le choeur des hommes : Dans ce mois de juin humide, Antares agonisait encore, agitant ses pattes candides d'un simulacre sans remords.

Le choeur des femmes : Dans ce mois de juin humide, si l'arène est bien vide, la bagarre est ailleurs, c'est le temps des décisions sauvages et des glaives suspendus : ces jours-ci on discute et puis l'on tractationne pour savoir l'an prochain quel poste l'on actionne.

Les deux choeurs réunis [en chantant]:
On imagine déjà
les réunions pédagogiques : quels besoins? quelles compétences?
On imagine déjà
les débats des labos : quels besoins? quelles compétences?
Oh nos Dieux, qu'ils sont beaux ces enseignants chercheurs,
qui activent leur cerveau telle une normande le beurre
Pour faire jaillir de l'eau des idées de valeur.
Oh nos Dieux, qu'ils sont beaux les hommes de ces labos,
S'activant dans la forge, brandissant le marteau,
Et sous l'enclume regardons ces profils qui feront l'un des leurs
Afin que très bientôt l'intellectuel labeur
S'épanouisse comme le vin à Bordeaux.

[Fin de l'introduction, le choeur quitte la scène]

ACTE I

La semaine dernière, Politia est entrée dans mon bureau. Comme je partage celui-ci avec Créon, le directeur du laboratoire, la plupart des visiteurs viennent surtout pour le voir lui et Politia n'a pas dérogé à la règle. Surtout que, bien qu'assidue à toutes les réunions et journées de laboratoire, je n'avais jamais croisé Politia et par conséquent il y avait peu de chance pour que Politia vienne me voir. Du coup, Politia a du me prendre pour une n-ième stagiaire de master et a donc considéré que 1) il était superflu de me dire bonjour 2) on pouvait parler très fort devant moi sans honte ni vergogne. J'en ai été quitte pour une bonne leçon de politique et pour comprendre qu'en ce moment, il y a mieux à faire que de fignoler sa recherche et qu'il serait bien plus utile d'aller rencontrer des directeurs de labo que d'user ma chaise à finir un n-ième article.

Politia venait voir Créon pour lui demander de lui créer un poste, hé oui, ça se passe comme ça, tout simplement! Politia a soutenu sa thèse l'an passé et a été qualifiée. Politia a donc participé à sa première campagne en vain puisque comme la plupart des participants elle est rentrée bredouille. Politia a eu encore moins de chance que les autres puisqu'elle a mal lu le Journal Officiel et a envoyé les pièces demandées pour les candidats à la mutation et que par conséquent son dossier a été jugé irrecevable sur quasiment tous les postes où elle avait envoyé son dossier. On ne s'étendra pas sur la gloomitude de Politia qui fait qu'elle n'a pas été assez futée pour lire le bon paragraphe du JO mais on retiendra la pertinence de ses arguments développés auprès de Créon : les postes sur lesquels elle voulait candidater ont tous été pourvus en local, elle n'arrivera jamais à être recrutée ailleurs donc il lui faut un poste en local. Créon, qui est gentil, lui dit qu'il est un peu surpris de la voir revenir alors qu'elle ne s'est pas manifestée cette année mais qu'il sait que le recrutement est une chose difficile et qu'il comprend bien sa démarche. Il y réfléchira et Politia, après moults récits déchirants sur la difficulté du recrutement et moults promesses sur tous les engagements qu'elle tiendra si elle obtient un poste, quitte l'acte I.

ACTE II
Conseil de laboratoire : entre la charte graphique du site Internet et quelques affectations budgétaires, on aborde la question des postes de MCF et PR qui seront demandés pour 2009. Créon propose d'étudier les possibilités pour deux personnes ("sic!", fait Pandore qui avait cru qu'on parlait de poste et non de personne) : Fidelia qui est une MCF habilitée et Politia qui est donc venue le voir il y a quelques jours.
Créon, comme le reste de l'équipe d'ailleurs, aime beaucoup Fidelia, elle est gentille et compétente, elle n'a pas réussi à se classer sur un poste de prof cette année et donc il serait bien qu'on lui créé un poste car "sinon elle n'en aura jamais". Fidélia qui est présente sourit, douce et humble. Tout le reste de l'équipe acquiesce : Fidelia mérite un poste de prof, créons-lui donc un poste à son profil.
Le consensus est moindre pour Politia : elle appartient à une section en minorité dans le labo et cette section brille surtout par son absence et les régulières défections quand des exposés ont été promis. Mais Créon défend généreusement son cas : un labo doit soutenir les doctorants qui ont grandi en son sein généreux et Politia a promis d'être dynamique une fois en poste. Certains renâclent un peu. Pandore, qui ronge son frein depuis un quart d'heure, ose un "Mais ça dépend si vous créez un poste pour des compétences nécessaires à l'équipe ou pour une personne particulière!!". C'est un peu comme si elle avait éructé à une dîner de Nadine de R. : grand silence un peu gêné avant que les conversations ne reprennent puisque par courtoisie, il est de bon ton d'ignorer les vulgarités. Pandore remballe ses larmes et regarde autour d'elle, ils sont 10, maîtres de conférences, profs et chercheurs et un seul vient d'ailleurs... Après quelques dernières objections, il est proposé de demander un poste de prof en 2009 pour Fidelia et de prendre Politia en ATER à la rentrée : on lui créera ensuite un poste de MCF en 2010 où elle pourra postuler sans souci, forte de son expérience active dans la maison en 2009.

Conclusion
[le choeur antique entre sur scène, les hommes ont la poitrine labourée de coups de fouet sanglants et les femmes sont voilées en noir.]

Le choeur des hommes : si tu es un jeune aspirant plein de fougue et de motivation, mais que tu veux économiser 400 euros d'avion....

Le choeur des femmes : si tu es un jeune aspirant plein de velléités intellectuelles, mais que tu veux économiser 40 euros d'hôtel...

Les deux choeurs réunis [en chantant]:
Si tu ne veux perdre ton temps, ton coeur et ta vaillance dans un triste combat,
Ecoute bien Pandore telle une Madame Irma
Aspirant PR, au printemps 2009,
Fidelia sera première
Et peu importe l'oeuf.
Aspirant MCF, au printemps 2010,
Politia sera première
L'endogamie persiste.
Depuis la nuit des temps, ainsi s'en va le monde
Le prédateur prédate et le prédaté tombe
C'est toujours le cynisme qui fait tourner la ronde.

[Le choeur s'effondre comme foudroyé, Pandore traverse la scène avec un nez rouge et entame la Marseillaise avec un bandonéon qui joue faux, le rideau se ferme.]

lundi 16 juin 2008

Antares et Cupidon, fable cruelle du MCF

Selon la procédure présentée avec autant de pédagogie que la situation le permet dans l'épisode 7, demain à 10h, je rentrerai mon tiercé dans Antares : Luckyland, Gloomyland et Happyland. Dans l'ordre. Pas de numéro complémentaire, pas de grille flash.

On savait grâce au Capitaine qu'Antares, la créature servile et félonne de St Pécresse, était un bachi-bouzouk des Carpates, une vieille perruche bavarde, un sauvage d'aérolithe, un Vercingétorix de carnaval et un zouave interplanétaire.

J'accuse à mon tour, j'ose crier dans les fils de la toile comme dans le pot de yaourt relié à un fil qui serait lui-même relié à un autre pot de yaourt collé à l'oreille du monde entier des quelques lecteurs égarés de ce blog : Antares est un peine-à-jouir, un glaçon dans le caleçon, une tante rabat-joie, un cousin aigri, un cheveu dans une glace aux marrons glacés. Comme il parait que je suis scientifique, voici deux preuves intangibles pour étayer ces accusations!
  1. J'accuse Antares de me priver de plaisir, ce grand moteur de l'existence : malgré ce que cet inimitable féministe de Coubertin laissait entendre, l'important n'est pas de participer mais de frémir. Quand je joue, j'aime avoir peur, goûter le suspens, l'incertitude, le goût qui me tourmente, le goût qu'est le plus fort. Or, dans mon cas, aucun suspens : Gloomy n'a pas été classé ailleurs, Lucky veut son poste et Happy bien que classé ailleurs n'aura sans doute pas d'autres choix. Donc, à moins que Gloomy ait le cerveau un peu mou suite à l'absorption prématurée de champomy bon marché et oublie de jouer à Antares, il n'y aura pas de changement dans mes classements. Donc jouer à Antares revient à renvoyer un bulletin au grand jeu Concours de la Redoute qui vous promet que vous avez gagné 150 000 euros si vous arrivez à coller avec votre salive chargée la vignette pré-encollée au goût de poisson en haut du bulletin de commande et à le renvoyer dans l'enveloppe jointe sous quinze jours.
  2. J'accuse Antares d'essayer subrepticement de briser la douce harmonie de ma tendre vie amoureuse : Epiméthée a récemment reçu un mail de Toto pour lui demander s'il prenait son poste (parce que Toto est classé derrière lui et qu'il aimerait bien savoir s'il envoie sa demande de résiliation de bail à son propriétaire). Ce que Toto ne sait pas, c'est qu'en le googelisant, j'ai découvert que si Toto prend le poste d'Epiméthée, il libère le poste que convoite Happy. Or Happy est celui qui est classé devant moi dans la ville blanche. Donc si vous avez suivi le raisonnement, vous concluerez avec moi que si j'élimine discrètement Epiméthée cet été en versant de l'antésite dans ses chocapic, je suis MCF mais... célibataire. Damned, cruel dilemne, prochain sujet de dissertation pour mes ouailles estudiantines, faut-il mieux être MCF non accompagné ou éternelle précaire de la vie amoureuse? Ou encore, comme le sujet 3 du bac de philo de ce matin le suggérait, l'ambition professionnelle mérite-t-elle de sacrifier sa vie sentimentale?
(Pour plagier Louis Pergaud qui mourut avant de découvrir les joies de l'hypertexte, je rappelle que les réclames littéraires pour des boissons euphorisantes présentes dans ce blog ne sont pas sponsorisées mais que, bien entendu, je ne refuserai pas l'envoi gracieux de quelques caisses d'échantillons à mon domicile. Il faut bien que je m'entraine à écrire plus pour gagner quelque chose...)

mercredi 11 juin 2008

Episode 7 : deviens MCF

(Rappel de l'épisodes précédent : après avoir traversé erratiquement la France pour de fugitives étreintes intellectuo-marketeuses avec des commissions plus ou moins affables, l'aspirant MCF est en possession d'un sésame codé....

C : 3, P1 : 5, R2 : -, L2 : 4 . Autrement dit, il ou elle sait qu'il est classé troisième à l'Université de Clermont-Ferrand, cinquième à l'Université Paris 1, non classé à Rennes 2 et quatrième à Lyon 2. Muni de ce sésame, il a le droit de jouer à la grande Loterie Antares. La loterie Antares est un cocktail indigeste, 50 % de chaises musicales, 25% d'imbroglio, 20 % de paramétrages, et 5% de chance.

50% de chaise musicale parce que tout le monde est à l'affût de la chaise qui va se vider. Classé troisième à Clermont, il peut espérer devenir deuxième quand Atchoum qui était deuxième est premier sur un autre poste que Grincheux vient de libérer car il était aussi premier ailleurs. Hop, hop, hop, les pions sautent comme aux dames chinoises, dès qu'un pion avance quelque part, tous les autres derrière changent de configuration au son d'une musique entraînante.

25% d'imbroglio quand ça se complique dans des triangulaires... Parce que notre aspirant dépend de Rox classé premier à Clermont mais qui préfèrerait aller à Rennes sauf si sa femme Roucky est aussi prise à Clermont. Mais Rouky ne sera prise là que si Rox libère le poste à Rennes parce que le second de Rennes Dincky est classé premier sur le poste de Rouky.

20% de paramétrages parce que ces derniers temps, tous les aspirants MCF ont compulsé les listes d'audtionnés quand elles existent, thanks to Baptiste Coulmont et autres bienfaiteurs, les listes de classement CNRS, INRIA, IRD et autres instituts. Parce qu'on a vu les réseaux numériques frémir de courriels "Bonjour, je suis Rouky , classée derrière toi et je voulais savoir si tu prenais le poste". Donc qu'on sait déjà à peu près à quelle sauce on sera cuisiné à la rentrée.

5% de chance, l'aspirant sans espoir se souvient de Djamdjam qui n'était que quatrième sur le poste d'une bonne université et qui pensait déjà pointer au chômage un an de plus. Sauf qu'Antares a appris à Djamdjam que Pongo, le n°1 avait renoncé pour rester près de sa femme, que Perdita n°2 avait préféré aller ailleurs et qu'Anita n°3...avait tout simplement oublié de jouer à Antares.

Quand enfin, tout le monde a rentré son tiercé -un quinté pour les plus chanceux- il ne reste plus à l'aspirant MCF qu'une ultime attente. Après l'attente de la qualif', l'attente de la liste des postes, l'attente des convocations aux auditions, l'attente des classements d'audition, il est devenu un pro du stress, des nuits sans sommeil et des repas sans faim. Sa famille sait qu'il ne faut plus lui poser de questions. Une dernière nuit et cette attente insupportable de l'actualisation numérique : toute la journée à surveiller ses mails, à rafraîchir des pages Internet, à cliquer plusieurs fois par minute, à à vérifier que la connexion fonctionne correctement pour découvrir en quelques secondes, le coeur battant, que ça y est, il est MCF. Tout ça pour ça....

(Si vous trouvez cet épisode compliqué et inintéressant, c'est que comme tous les derniers épisodes des séries, il faut bien relier tous les fils, pis ça se finit mieux que "ils se marièrent et eurent beaucoup de petits chercheurs qui n'auront jamais de poste, non?)

dimanche 8 juin 2008

Ste Pécresse, prends pitié de moi

Chère Madame la Ministre,

Je t'écris une lettre que que tu liras peut-être si, à l'instar des chercheurs que tu représentes, tu passes beaucoup de temps à procrastiner sur Internet en cachette dans ton bureau au lieu de te mettre enfin à ce rapport capital que tu dois envoyer dans deux heures.

Chère Madame la Ministre, je suis normalement une fille très sage et plutôt gentille. Je donne souvent des sous aux gens qui font la manche dans le métro à condition qu'ils ne jouent pas "Violetta" ou "La Bohème" au saxophone à moins de 10 cm de mon conduit auditif, je continue à aller voir ma grand-mère qui me traite à chaque fois de traînée délinquante parce que je ne suis pas mariée à mon âge et que je n'ai toujours pas de travail, je circule à vélo pour que les ours polaires puissent jouer à colin-maillard encore quelques années sur la banquise sans dériver vers la perfide Albion et je n'achète pas la presse people qui médit des starlettes anorexiques et se repaît de notre président boulimique de reconnaissance.

Comme tu vois, je fais ce que je peux pour essayer de mener une vie modeste mais honorable, en accord avec la morale judéo-chrétienne dans laquelle baigne la société où nous survivons toutes les deux malgré les assauts cocacolesques de M. Lelay et confrères pour essayer de promouvoir un monde de sexe, de mensonge et de reality people.

Pourtant, chère Madame la Ministre, il faut que je me confesse car, depuis quelques jours, il me vient des pulsions difficilement avouables. Autant le dire tout net, mes connexions trop fréquentes sur Antares, ton représentant à toi sur terre, ont été très néfastes. A l'heure où tout le monde compulse frénétiquement les Guides du Routard sécuritaire, le site de l'Office du Tourisme corse et le catalogue de Nouvelles Frontières, je dois bien l'avouer : cet été, je ne veux pas être Bernadette, ni Soubirou, ni Chirac. Cet été, je veux être une James Bond Girl.

Au lieu de passer la seconde quinzaine de juillet à randonner dans les montagnes d'Auvergne, j'ai des envies sauvages d'enfiler le bikini d'Ursula Andress et de sortir hors de l'eau ruisselante, la cuisse fuselée et le regard fauve pour surprendre Lucky sur la plage grecque où il passe l'été. Avec mon silencieux, je me glisserai telle une souple panthère derrière un cocotier et d'une simple pression de l'index, je l'aiderai à quitter ce cruel monde cruel.
Au lieu d'aller bouquiner sagement sur les plages bretonnes balayées d'embruns qui tentent en vain d'effacer le souvenir d'Erika, une amante souillone qui cochonna durablement les côtes, j'ai des envies de robe chinoise. J'aurais le regard bridé et le cheveux lisses comme de la soie pékinoise sur ma peau pâle comme une fleur de cerisier et je prendrai le train où Gloomy mange des oeufs durs et une pomme en allant chez sa mère-grand. Quand le convoi passera dans un tunnel obscure et sombre, je me glisserai telle une souple couleuvre dans son compartiment et d'un lacet prestement glissé autour de son cou, je l'aiderai à quitter ce cruel monde cruel.
Au lieu de parcourir la Hollande à vélo avec des sacoches joufflues, j'ai des envies de chignon blond patiné et de pommettes sculptées sous des yeux d'un bleu sibérique. Moulée dans un fourreau de satin cyan (RVB : 0, 255, 255), j'irai m'asseoir au bar de l'hôtel où Happy sirotera un Lagavulin 12 ans d'âge et sans glace. Quelques heures plus tard, quand il dénudera son torse virilement pileux dans la chambre luxueuse de sa suite en acajou et latex, tel un souple requin, je sortirai de l'échancrure de mon fourreau un pic ouvragé en argent et d'un coup rapide et précis, je l'aiderai à quitter ce cruel monde cruel.

Comme tu le vois, chère Madame la Ministre, je m'interroge sur la responsabilité ministérielle dans la hausse de la délinquance chez les jeunes, même si souvent le jeune chercheur n'a de juvénile que les prétentions salariales. Je m'inquiète pour ces innocents GloomyLukyHappy auxquels tous les aspirants MCF démunis songeront cet été avec de sataniques espérances et des aspirations morbides.

Ste Pécresse, pansez nos âmes blessées de penseurs machiavéliques...

samedi 7 juin 2008

Contes de Campagne 2 : Les musiques

Quand j'y allais, j'avais peur, une boule énorme et oppressante, logée dans le creux de mon ventre, bloquée entre le bassin et la poitrine. Comme si j'avais avalé un ballon sauteur, un truc trop gros, trop mou et trop résistant à la fois. Impossible de le faire sortir tellement il s'était emmêlé dans mes organes, imbriqué dans tous les recoins de mon corps.

Quand j'y allais, j'aurais aimé avoir un Panpan lapin usé de mon enfance à serrer dans mes bras, un trèfle magique en émail à frotter nerveusement entre deux doigts, une médaille de ma grand-mère bénie par Michel ou Roger, un gentil prêtre de paroisse, un livre de paroles sages que des vieux philosophes auraient proférées pour que les jeunes linottes du XXIème siècle en prennent de la graine, j'aurais voulu que quelqu'un me tienne par la main ou qu'on me chuchote à l'oreille que tout irait bien. Je cherchais dans tous les actes du quotidien des signes prémonitoires. Si le feu passe au vert, je serais prise cette année, si le pigeon se pose sur le banc, c'est que c'est bon. Je me souviens même un matin avoir regardé le ciel tout blanc en y cherchant quelque chose que les autres se vantent d'y trouver. Superstition et religion se refusant à moi même dans l'adversité, je suis allée affronter mon destin avec pour seul secours mon ordinateur, organe vital qui est au chercheur ce que le placenta est au foetus. 100% naturel, 0% trucage, pas de grigri de pacotille, non à la victoire ésotérique!

Pourtant, juste avant la première audition, j'ai trouvé le Panpan trèfle médaillé qui m'a rendu sage en faisant taire les angoisses, le remède qui apaisait le coeur. Il ne faisait pas partir le ballon mais il le rendait plus léger. Isolée du monde par les écouteurs, la vie à travers l'Ipod était beaucoup plus supportable

Pour la première chance, je suis entrée dans les danses de Pink Martini, enfouie dans les jupons rétro de China Forbes, je pouvais virvolter dans cette audition. Dans le tram qui me menait en terres gloomies, j'étais enfin sereine.

Pour la seconde chance, j'ai trouvé réconfort dans le trouble oblique du Slalom Dame de Jeanne Balibar. Du coin de ses yeux de louve et des méandres de sa voix feutrée, je pouvais slalomer dans cette audition.

Pour la troisième chance, j'ai écouté en boucle le Charlie, Rosie et moi d'Holden. "On vit dans une boite à musique, douce musique qui nous fait tourner sur un plancher mécanique comme des anges" et j'ai tourné, tourné, tourné...

Aspirant MCF, en cas de ballon sauteur, sache que la musique ne garantit pas la victoire mais qu'elle adoucit bien les coeurs...

vendredi 6 juin 2008

Wonder CA ou "Le retour de la vengeance masquée"

Petits aspirants MCF, gentils demoiseaux et gentilles demoiselles qui avez pleuré amèrement les parodies d'auditions auxquelles quelques KKK vous ont conviés ces dernières semaines, séchez vos larmes et réchauffez vos coeurs écaillés par le vert de gris des barreaux des institutions.


Nous nous pensions orphelin, nous nous pensions sans défense, nous pensions que nos prières à Ste Pécresse montaient vers un ciel aussi vide qu'une huître un premier janvier à 8 heures du matin. Et bien, redressons la tête et bombons le torse : nous avons nous aussi notre Vengeur Masqué. Il est moins hispano que Zorro, moins opiniâtre qu'Arlette, moins emplumé que Robin, moins puceau que Jeanne, moins moustachu que José, moins paquet-moulé que Batman, moins kilté que William, mais il existe : il a écrit à un de mes amis.


"[...]Les présidents des commissions des spécialistes avaient été conviés à présenter les propositions de recrutements. Le Conseil d'Administration a validé toutes les proposition de recrutement de MCF et de profs effectuées par les commissions des spécialistes sauf pour l’emploi de MCF n°0007 en Espionnage de sa Majesté.


La commission de spécialiste n’avait pas respecté le fléchage du poste en plaçant des personnes hors profil aux 3 premières places, le Conseil d'Administration a donc invalidé cette proposition de recrutement.[...]"


Alors, laissez Pandore à ses chimères, ne lui dites pas que c'est parce qu'un membre éminent du CA jalouse le président du KKK qui lui a volé une ancienne maîtresse, ne lui dites pas que c'est parce que le neveu du président de l'Université a été classé 4ème, ne lui dites pas que c'est parce le candidat local pressenti n'avait pas fini sa thèse à temps et qu'on veut lui donner le poste l'an prochain. Laissez-la caresser l'idée si douce que non un KKK ne peut pas faire n'importe quoi et que oui il existe des instances pour juger que classer Gloomy et ses amis est un acte honteux pour un établissement*.


*en l'occurence, ce n'est pas mon Gloomy à moi, ce n'est d'ailleurs pas un poste dans ma section...